DEVOIR : 5 mots extraordinaires
Taroupe – pouliot – philtrum – isogone – pelletière
Mon petit pouliot, comme tu as encore grandi ! C’est sans doute grâce à ce philtrum à la gentiane que te fais ingurgiter ta grand-mère. Un peu amère cette potion mais tellement efficace ! Ça fait des années qu’on la voit fourrager partout dans les prés, chargée de sa hotte et de sa vieille pelletière. Et que je te taroupe, que je glane à droite, à gauche, farfouillant entre les genêts et les isogones pour trouver son pèbre d’ail et son romarin. Ah ! c’est quelqu’un la Marie ! Comme guérisseuse, y’a pas mieux dans toute la région !
Allez ! bonne balade mon petit et bonjour à tes parents !
Patricia
Annonces déclassées
- Maroupe cherche taroupe pour tarentelle sensuelle. Ne rouspétez pas. Ne pensez pas à mal. Cependant roupilleur s’abstenir. Plutôt frétilleur. Mais je le répète, n’y voyez pas malice, essayez Maroupe!
- Poulette blonde mais lasse, encore cougar (de l’est) échangerait un paquet de pouliots bien élevés mais casse-bonbons contre un beau poulet tout neuf. J’en ai soupé après avoir pouliné toute ma vie. Si vous avez ça dans votre poulailler amenez-le moi discrètement, pour ne pas alerter la maison poulaga.
- Grand mage africain (1 m 99), originaire de Casamance, c’est à dire casamancien. Médium deux siècles d’expériences vécues, prépare à la demande et à façon tous types de philtrum y compris pour les femmes. Mes philtrums d’amour sont les plus efficaces. Bus au coucher du soleil ils permettent de répéter la même phrase passionnelle jusqu’au lever du soleil. Ayez confiance, ce message est Philtré.
- Gonais, gonaisses ou bien, je ne sais, gonards, gonardes. Ce message sur-lumineux s’adresse aux habitants de Gone sur Rhône qui voteront l’an prochain aux municipales. Votez pour qui vous voulez sauf pour ce Gone Michel qui est un mou. Avec lui vous ne prendrez aucun plaisir. Il n’a aucune énergie. On dirait qu’on lui a enlevé les piles. Votez pour un(e) autre. Lequel ? Je m’en fous, ça m’est isogone.
- Homme septuagénaire épuisé souhaiterait trouver une pelletière qui lui rende service. Il est marré de se pelleter seul les emmerdes toute la sainte journée. Voudrait partager cette charge dès que possible et plus si affinité. Tête de pioche s’abstenir. Sinon ce sera ma dernière pelletée.
Bertrand
Janis ne voulait plus aller à l’école. Tous les matins, il avait une boule au ventre. Les autres l’appelait taroupe. Il ne savait même pas ce que ça voulait dire, mais à son avis, c’était quelque chose de moche.
En vrai, il s’appelait Janis Maroupe. Ses parents lui avait dit que ce prénom signifiait « don de Dieu » et qu’il devrait en être fier.
Mais il fallait toujours qu’on se moque de lui. Alors, ce matin, comme tous les autres matins, il vomit son petit déjeuner, avant de prendre son cartable et de partir, résigné, vivre un autre jour de calvaire.
Il n’avait rien dit à ses parents, il ne voulait pas qu’ils sachent. Eux, disaient qu’ils seraient en sécurité ici et puis, il avait trop honte.
Il ne savait pas pourquoi les autres enfants l’avaient pris en grippe.
C’est vrai qu’il était arrivé dans le courant de l’année. Ils avaient déménagé dans ce village. La vie à la ville n’était plus possible. Là-bas aussi, ils étaient des « pouliots » comme on disait, alors, comme à chaque fois, il fallait partir pour éviter les persécutions. Mais Janis ne comprenait pas pourquoi. Pourquoi ils étaient maltraités, chassés… Qu’avait fait ses parents ?
Un jour, il avait essayé de leur demander, mais gênés, ils avaient dit qu’il ne fallait pas s’en occuper, que c’était parce qu’ils étaient juste un peu différents, qu’ils n’avaient pas le même Dieu. Mais pourtant, on lui avait toujours appris que Dieu était isogone, qu’il aimait tous ses enfants de la même manière et que peu importait leurs couleurs, leurs croyances. Mais la cruauté et la méchanceté faisaient bien partie de ce monde.
Alors, le soir, bien à l’abri dans son lit, il rêvait qu’il était magicien et qu’il fabriquait des « philtrums », des potions magiques qui, dans les contes que lui avait racontés sa maman quand il était très petit, rendaient tous les gens gentils, bienveillants et attentionnés. Et ces philtrums, il les jetait par pelletières entières tout autour de lui.
Mais au matin, il fallait bien se rendre à l’évidence, les philtrums n’existaient pas et ils étaient condamnés à une errance sans fin.
Fabienne
Exercice 1 : Écrire une histoire d’amour impossible entre : un taureau et un matador !
Le soleil de plomb chauffait à blanc les arènes.
Il attendait devant le toril, droit et fier, dans son habit de lumière.
Il ne tremblait même pas.
Le taureau allait sortir d’un moment à l’autre. Il ajusta sa cape rouge sur la muleta et se figea.
Dans le toril, beaucoup d’agitation. Cris des hommes. Coups de pattes.
La porte s’ouvrit brusquement.
Hannibal sortit, courut vers lui et pila .. Ce magnifique taureau à la puissante musculature venait d’une manade d’Espagne.
Il renâcla, prêt à bondir et à renverser d’un coup de corne ce fantoche quand son regard noir se dilata.
Il avait rarement vu un matador de cette classe. Qu’il était beau !
Dans les arènes, la foule en liesse, haranguai les deux protagonistes.
Alors, entre eux, commença une sorte de danse. Le taureau passai sous la cape qui virevoltait. Il tournait autour du toréador. Ce dernier suivait son mouvement. Il se pencha vers son oreille, lui parla doucement et l’encouragea :
- Vas-y Hannibal, vas-y, mon beau, montre-leur comment tu es noble et magnifique.
- Pour toi, je danserai jusqu’à la fin de ma vie, répondit le taureau
- Mais ta vie ne tient plus qu’à un fil et aujourd’hui est ton dernier jour… Le sais-tu, mon superbe taureau ?
- Oui, je le sais, mais mourir par toi n’est pas mourir…
Des larmes coulèrent sur le visage enfantin du matador.
Alors, d’un geste rageur, il jeta la cape, la muleta et s’accrocha au garrot du taureau qui lui murmura à l’oreille :
- Viens, mon amour, monte sur mon dos, on s’en va.
Alors, d’un geste aérien, l’homme sauta sur le dos de l’animal et tous deux partirent par une porte dérobée, devant le regard médusé des spectateurs qui n’avaient jamais vu ça, parole d’aficionados !
On ne les revit plus, mais il parait qu’ils vivent heureux dans un mas, en Camargue.
Fabienne
Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis.
Hmmm… entre le taureau et le matador, c’est plutôt fuis-moi je te suis, suis-moi je te suis. Et quand ça se rencontre, bam ! C’est explosif. Des cris déchirants, des halètements confus, des appendices jaillissant de toutes parts… À la fin de la performance, la bête et le harceleur prennent un peu de distance. Histoire de garder intacte leur relation. Parce qu’au final, essoufflés, ils n’ont plus la force de remettre le couvert. Et comme ils aiment tous les deux ça, ils vont un peu se régénérer chacun de leur côté. Ils sont comme ça, c’est leur amour et je ne suis pas en position de les juger. Rien ne se passe pendant quatre ou cinq jours, puis d’un seul coup shbambam pan boum wizz ! Bon, c’est pas tout mais je dois vous laisser, j’ai un public à satisfaire et la corrida, ça commence toujours por la cinco de la tarde !
Loup
Il est magnifique ce mec ! Ces épaules larges, ces hanches fines… ses fesses fermes ! Hum ! Meuh ! Et quel costume ! l’habit de lumière d’une vraie star ! Meuh ! ce regard fougueux ! j’en frémis d’avance ! Il a la réputation d’adorer son métier ; il sait respecter mes congénères dans des combats toujours loyaux. Je sais, qu’à chaque corrida, il joue son prestige et sa vie.
Aïe ! Ombre mio ! Viens… plus près… approche que je puisse t’admirer… Quelle élégance ! Quelle habileté dans le geste ! Et cette folle cambrure, ces mollets musclés… Mama mia ! la lutte sera excitante. Je le sais d’avance mais… il devra apprendre à me respecter, à se méfier de mes cornes acérées, de ma fougue et de ma force brutale. Je me sais belle et il le sent. Nous sommes amoureux de notre future joute, un combat d’amour à mort… les « olle ! » » et les « hourras ! » de la foule enthousiaste augmenteront notre mutuelle fièvre. Qui de lui ou de moi sortira vainqueur de cette ensorcelante danse ? Mon magnifique bourreau ou moi, une peut-être victime, charmée mais non consentante ? Quand le combat prendra fin sous les acclamations, qui de nous deux aura quitté ce monde ?
Je pense que vous risquez d’être étonnés si vous n’êtes pas habitués à l’amour vache !
Patricia
Exercice 2 : Écrire une histoire sur la photo de Roberto Donetta (1865 – 1932)
C’était le 13 juillet. Les ouvriers avaient travaillé toute la journée dans les champs. Le soleil avait dardé ses rayons impitoyables sur leur nuque brûlante, sans répit. Alors, ils avaient bu beaucoup de vin rouge, coupé d’un peu d’eau. Les moissons pressaient… Le vieux Gustave avait prédit de la pluie pour après-demain parce que sa jambe commençait à lui faire mal… Alors, s’ils ne voulaient pas travailler demain, qui était férié, ils devaient se dépêcher. Les vêpres sonnèrent au clocher quand ils mirent la dernière balle sur la charrue.
Ils rentrèrent heureux à la ferme.
Alors, Balthazar commença à sortir sa trompette. Henri prit son violon, Jacques son saxo, Édouard son trombone à coulisse et ils se mirent à répéter pour le bal populaire du soir. Ceux qui ne jouaient pas se mirent à entonner une chanson. Petit Jean ne voulait pas chanter… Il disait qu’il était trop crevé. Alors, Diego, le journalier, s’approcha de lui avec d’énormes pinces, faisant mime de lui arracher la tête. Et petit Jean se mit à chanter de sa voix pure d’alto qui s’éleva dans le crépuscule… Peu à peu, tous se turent, écoutant cette voix qui les porta et leur fit oublier leur dure journée.
Fabienne
Photo rare d’une vendetta d’un homme contre un autre. Le second aurait vomi dans la rue en face de l’enseigne du premier, éloignant ainsi de futurs clients. Le premier étant dentiste, ceux-ci n’étaient déjà pas très enclins à se montrer. Aussi est-ce pourquoi le premier a décidé de faire justice lui-même en arrachant quelques dents au second, qui, après sa séance « dégobillante » n’était pas en mesure de riposter.
Une petite foule se massa dans la rue pour admirer la scène de torture et entendre les cris du malheureux. Personne ne fit rien, de peur de perdre ses chicots. Il fallut attendre l’arrivée de l’officier de maréchaussée locale, qui mit aux arrêts le premier pour « atteinte à l’intégrité physique d’autrui sur la voie publique », et le second pour « atteinte à l’intégrité hygiénique de la voie publique elle-même ».
Loup
Chère Magdalena,
J’espère que vous allez tous très bien et que les enfants ne te causent pas trop d’ennuis. Je sais que nous nous rapprochons petit à petit du mois de septembre mais, malheureusement, je ne sais toujours pas si je pourrai rentrer en Bourgogne pour les fêtes. Tu sais, nous avons beaucoup de travail sur Paris.
En parlant de travail, j’ai une histoire à te raconter ! Rien qu’en y pensant avant de l’écrire, je suis déjà plié de rire.
Alors… il y a une semaine environ, j’étais sur un chantier avec mon équipe. Nous étions en plein dedans quand soudain, un collègue à nous, Jean-Pierre, qui travaille sur d’autres projets, arriva en courant. Il avait l’air de souffrir atrocement ! Les garçons me nommèrent en tant que docteur improvisé et je commençai donc à examiner tout ça. Il retira le chiffon qu’il tenait à son nez et je compris que cet imbécile s’était déboiter le nez !! Quelle andouille.
Du coup, je savais exactement quoi faire puisque Jacob s’était déjà blessé de la même façon. J’attrapai une pince dont je m’étais servi sur du béton, pas très hygiénique maintenant que j’y pense, et d’un coup fort, je lui remboite le nez. Il hurla si fort que tout le monde arrêta de travailler pour regarder ce que je faisais. Entre temps, un de mes collègues avait appelé les nouvelles et ils vinrent avec leur appareil photo ! J’ai glissé la photo dans l’enveloppe, regarde la tête des autres, quels frimeurs. Donc voilà, maintenant nous savons que si quelqu’un se déboite le nez, je sais quoi faire !
Je dois y aller maintenant, Jacob a besoin d’aide pour porter des briques.
Pablo qui vous aime fort, encore plus fort que le coup de pince que j’ai donné au nez de Jean-Pierre.
Chloé